Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

condamner de nouveau ce dernier à n’être qu’un instrument aveugle et infailliblement sacrifié dans la lutte des différents partis bourgeois entre eux pour la conquête du pouvoir politique, c’est-à-dire de la puissance et du droit de dominer sur les masses et de les exploiter. À quiconque pourrait en douter, nous n’aurions qu’à montrer |9 ce qui se passe aujourd’hui en Allemagne, où les organes de la démocratie socialiste chantent des hymnes d’allégresse en voyant un Congrès de professeurs d’économie politique bourgeoise recommander le prolétariat de l’Allemagne à la haute et paternelle protection des États[1], et dans les parties de la Suisse où prévaut le programme marxien, à Genève, à Zürich et à Bâle, où l’Internationale est descendue au point de n’être plus qu’une sorte de boîte électorale au profit des bourgeois radicaux. Ces faits incontestables me semblent plus éloquents que toutes les paroles.

Ils sont réels, et ils sont logiques dans ce sens qu’ils sont un effet naturel du triomphe de la propagande marxienne. Et c’est pour cela que nous combattons les théories marxiennes à outrance, convaincus que si elles pouvaient triompher dans toute

  1. Bakounine a placé ici, dans son manuscrit, un appel de note, et a oublié ensuite de rédiger la note. Le Congrès « de professeurs d’économie politique bourgeoise » dont il parle est un Congrès tenu en 1872 à Eisenach par un groupe de ces économistes légèrement teintés de socialisme qu’on appelle en Allemagne « socialistes de la chaire », Katheder-Sozialisten. Il s’agit, bien entendu, de la « chaire » du professeur et non de celle du prêtre. — J. G.