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n’aurait point pour but immédiat et direct le triomphe des travailleurs contre le capital » ; en conséquence de quoi, elle se posait pour but l’abolition de l’État, de tous les États, et l’organisation de « l’association universelle de toutes les associations locales par la liberté ».

Par contre, le Parti de la démocratie socialiste des ouvriers allemands, fondé dans la même année (1869), sous les auspices de M. Marx, par MM. Liebknecht et Bebel, annonçait dans son programme que la conquête du pouvoir politique était la condition préalable de l’émancipation économique du prolétariat, et que par conséquent l’objet immédiat de ce parti devait être l’organisation d’une large agitation légale pour la conquête du suffrage universel et de tous les autres droits politiques ; son but final, c’est l’établissement du grand État pangermanique et soi-disant populaire.

Entre ces deux tendances, on le voit, il existe la même différence, le même abîme, qu’entre le prolétariat et la bourgeoisie. Faut-il s’étonner après cela qu’elles se soient rencontrées dans l’Internationale comme des adversaires irréconciliables, et qu’elles continuent de s’y combattre, sous toutes les formes et dans toutes les occasions possibles, encore aujourd’hui ? L’Alliance, prenant le programme de l’Internationale au sérieux, avait repoussé avec dédain toute transaction avec la politique bourgeoise, si radicale qu’elle se dise et si socialiste qu’elle se grime, recommandant au prolétariat comme la seule voie