Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/405

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mesure. Il lui fallait à tout prix perdre dans l’opinion publique les adversaires de sa dictature, et il m’a fait l’honneur de m’accorder la première place dans ce nombre. Par conséquent il prit l’héroïque résolution de me démolir. Pour cela il fit venir de Genève son petit comparse et compatriote, M. Outine, qui, sans avoir été investi d’aucune délégation officielle, ne semble être venu à Londres que pour débiter contre moi, en pleine Conférence, toutes sortes d’infamies et d’horreurs. J’ignore encore maintenant ce qu’il a dit, mais j’en juge par le fait suivant. Le citoyen Anselmo Lorenzo Asprillo[1], délégué de la Fédération espagnole, à son retour en Espagne, ayant été questionné par quelques-uns de mes amis, leur écrivit cette phrase :

« Si Outine a dit la vérité, Bakounine doit être un infâme ; s’il a menti, Outine est un infâme calomniateur. »

Et remarquez que tout cela s’est passé complètement à mon insu et que je n’ai eu connaissance de ce fait que par cette réponse de M. Lorenzo Asprillo, qui ne m’a été rapportée qu’au mois d’avril ou de mai[2].

Une circulaire du Conseil général, transformé de

  1. Le militant socialiste espagnol Anselmo Lorenzo, à cette époque, ajoutait à son nom celui d’Asprillo. — J. G.
  2. Ce qui concerne la délégation d’Anselmo Lorenzo à la Conférence de Londres, ce qu’il y vit et entendit, et les lettres qui furent ensuite échangées entre Bakounine et lui au printemps de 1872, est raconté en détail au tome II de l’ouvrage L’Internationale, Documents et Souvenirs, pages 199-201 et 291-293. — J. G.