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casernes, où la masse uniformisée des travailleurs et des travailleuses s’éveillerait, s’endormirait, travaillerait et vivrait au tambour ; pour les habiles et les savants un privilège de gouvernement ; et pour les Juifs, alléchés par l’immensité des spéculations internationales des banques nationales, un vaste champ de tripotage lucratif.

À l’intérieur ce sera l’esclavage, à l’extérieur la guerre sans trêve, à moins que tous les peuples des races « inférieures », latine et slave, l’une fatiguée de la civilisation bourgeoise, l’autre l’ignorant à peu près et la dédaignant par instinct, ne se résignent à subir le joug d’une nation essentiellement bourgeoise et d’un État d’autant plus despotique qu’il s’appellera l’État populaire.

La révolution sociale, telle que se la représentent la désirent et l’espèrent les travailleurs latins et slaves, est infiniment plus large que celle que leur promet le programme allemand ou marxien. Il ne s’agit |32 point pour eux de l’émancipation parcimonieusement mesurée, et réalisable à très longues échéances seulement, de la classe ouvrière, mais de l’émancipation complète et réelle de tout le prolétariat, non seulement de quelques pays, mais de toutes les nations, civilisées et non civilisées, la civilisation nouvelle, franchement populaire, devant débuter par cet acte d’émancipation universelle. Et le premier mot de cette émancipation ne peut être que la liberté, non cette liberté politique, bourgeoise, tant préconisée et recommandée comme un