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exercer une influence aussi légitime que salutaire sur les ouvriers d’Angleterre ; et, en effet, une intimité très sérieuse et une grande confiance mutuelle paraissent avoir existé pendant beaucoup d’années entre lui et bon nombre d’ouvriers anglais remarquablement actifs, ce qui faisait croire à tout le monde qu’il jouissait, en général, d’une autorité considérable en Angleterre, et cela ne pouvait manquer d’augmenter son prestige sur le continent. On attendait donc avec autant d’impatience que de confiance, dans toute l’Internationale, le moment où, grâce à sa propagande énergique et intelligente, le million de travailleurs qui forment aujourd’hui l’association formidable des Trades Unions passeraient avec armes et bagages dans notre camp.

Cette espérance est sur le point de se réaliser, au moins en partie. Déjà une Fédération anglaise, formellement adhérente à l’Internationale, vient de se former. Mais, chose étrange ! le premier acte de cette Fédération, ç’a de rompre ouvertement tout rapport de solidarité avec M. Marx ; et si l’on juge d’après ce qu’en trahit le Volksstaat, et surtout d’après les paroles amères, les injures que M. Marx, au Congrès de la Haye, a imprudemment lancées à la face des travailleurs anglais, on arrive à cette conclusion que le prolétariat de la Grande-Bretagne décidément se refuse de ployer son cou sous le joug du dictateur socialiste de l’Allemagne. Avoir courtisé un peuple pendant plus de vingt ans pour arriver à un pareil résultat ! Avoir chanté sur tous les