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tiser et pour dominer ses compatriotes, a eu toujours deux cordes à son arc, l’une française, l’autre anglaise : la première consistant dans l’imitation assez malheureuse de l’esprit français, l’autre dans une affectation bien mieux réussie de la raison pratique des Anglais. M. Marx a passé plus de vingt ans à Londres au milieu des travailleurs anglais, et, comme il arrive presque toujours aux Allemands qui, honteux dans le secret de leur cœur de leur propre pays, adoptent et exagèrent d’une façon assez maladroite les coutumes et le langage du pays qu’ils habitent, M. Marx aime à se montrer souvent plus Anglais que les Anglais eux-mêmes. Je m’empresse d’ajouter qu’ayant appliqué pendant tant d’années sa remarquable intelligence à l’étude des faits économiques de l’Angleterre, il a acquis une connaissance très détaillée et très approfondie des rapports économiques du travail et du capital dans ce pays. Tous ses écrits en font foi, et, si l’on fait abstraction d’un certain jargon hegelien dont il n’a pas pu se défaire, on trouvera que, sous le prétexte spécieux que tous les autres pays, étant plus arriérés au point de vue de la grande production capitaliste, le sont nécessairement aussi à celui de la révolution sociale, M. Marx n’a en vue principalement que les faits anglais. On dirait un Anglais parlant exclusivement à des Anglais.

Cela ne constitue pas, sans doute, un très grand mérite au point de vue de l’internationalité, mais au moins pouvait-on en conclure que M. Marx devait