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manche ; et, à moins que ce ne soit une très grande illusion de sa part, il a bien raison de se réjouir, car, en goûtant en secret les plaisirs divins du pouvoir, il pourra en rejeter tous les inconvénients et l’odieux sur ce malheureux Conseil général de New-York.

Pour se convaincre que telle est en réalité l’espérance, la pensée de M. Marx, on n’a qu’à lire avec un peu d’attention un des numéros de septembre du Volksstaat, l’organe principal du Parti de la démocratie socialiste des ouvriers allemands, et qui comme tel reçoit les inspirations directes de M. Marx. Dans un article semi-officiel, on raconte, avec une naïveté et une gaucherie tout allemandes, toutes les raisons qui ont poussé le dictateur de ce parti et ses amis les plus intimes à transporter le gouvernement de l’Internationale de Londres à New- York. Il y a eu principalement pour l’accomplissement de ce coup d’État deux motifs.

Le premier était l’impossibilité de s’entendre avec les blanquistes. Si M. Marx est pénétré de la tête aux pieds de l’instinct pangermanique qui a pris un si grand développement en Allemagne depuis les conquêtes de M. de Bismarck, les blanquistes sont avant tout des patriotes français. Ignorants et dédaigneux de l’Allemagne, comme il convient à de véritables Français, ils pouvaient bien en abandonner le gouvernement absolu à M. Marx, mais pour rien au monde ils ne lui auraient concédé celui de la France, qu’ils réservent naturellement pour eux--