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appelle les États et pour condamner la politique, qui n’est en effet rien que l’art de dominer et de tondre les masses.

Mais aujourd’hui que faire ? Aujourd’hui la solution et la conciliation sur le terrain politique étant impossibles, il faut se tolérer mutuellement et en laissant à chaque pays le droit incontestable de suivre les tendances politiques qui lui plairont davantage ou qui lui paraîtront le mieux adaptées à sa situation particulière. Rejetant par conséquent toutes les questions politiques du programme obligatoire de l’Internationale, il faut chercher l’unité de cette grande association uniquement sur le terrain de la solidarité économique. Cette solidarité nous unit, tandis que les questions politiques fatalement nous séparent.

Il est certain que ni les Italiens, ni les Espagnols, ni les Jurassiens, ni les Français, ni les Belges, ni les Hollandais, ni les peuples slaves, ces ennemis historiques du pangermanisme, ni même le prolétariat de l’Angleterre et de l’Amérique, ne se soumettront jamais aux tendances politiques qu’impose aujourd’hui au prolétariat de l’Allemagne l’ambition de ses chefs. Mais en supposant même que, par suite de cette désobéissance, le nouveau Conseil général[1] frappe d’interdiction tous ces pays et

  1. Le Conseil général de l’Internationale, qui de 1864 à 1872 avait eu Londres pour siège, fut placé, par une décision du Congrès de la Haye, à New-York, où Marx et Engels avaient compté trouver des instruments dociles de leurs volontés. — J. G.