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après cette guerre, pour tuer, pour corrompre, pour étouffer complètement cet élément révolutionnaire dans les villes. Après la guerre de 1815, il y a eu la Sainte-Alliance politique de tous les États contre le libéralisme bourgeois. Après la guerre présente, si elle se termine par le triomphe de la Prusse, c’est-à-dire par celui de la réaction internationale, il y aura la Sainte-Alliance à la fois politique et économique des mêmes États, devenus encore plus puissants par la coopération intéressée de la bourgeoisie de tous les pays, contre le socialisme révolutionnaire du prolétariat.

Telle sera, en général, la situation du socialisme dans toute l’Europe. J’y reviendrai tout à l’heure. Mais auparavant je veux examiner quelle devra être la situation toute spéciale du socialisme français après cette guerre, si elle se termine par une paix honteuse et désastreuse pour la France. Les ouvriers seront infiniment plus mécontents et plus misérables qu’ils ne l’ont été jusqu’à présent. Cela s’entend de soi-même. Mais s’ensuit-il : primô, que leurs dispositions, leur esprit, leur volonté et leurs résolutions deviendront plus révolutionnaires ? et secundô, alors même que leurs dispositions deviendraient plus révolutionnaires, auront-ils plus de facilité, ou même une facilité égale à celle d’aujourd’hui, à faire la révolution sociale ?

Sur chacune de ces questions, je n’hésite pas à me prononcer d’une manière négative, et voici pourquoi. Primô, quant à la disposition révolutionnaire