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chaque jour de mourir. C’est un moyen dont Napoléon III s’est servi, pendant plus de vingt ans, avec beaucoup de succès.

À la révolution démocratique et républicaine de 1848, la Rome jésuitique et papale prit bien garde de répondre par un Syllabus ou par la déclaration de l’infaillibilité de son chef. Elle fit beaucoup mieux, elle se proclama démocratique et républicaine, sinon pour l’Italie, au moins pour la France. Elle accepta pour le Christ crucifié, comme couronne, le bonnet rouge du Jacobin. Elle ne se souciait nullement de tomber avec cette monarchie qui, pendant des siècles, avait été pour elle plus qu’une alliée, une servante dévouée et fidèle : elle bénit la République, sachant d’ailleurs fort bien que ses bénédictions ne portaient plus bonheur à personne. Elle comprit, avec beaucoup de clairvoyance, que cette évolution non seulement était inévitable, mais qu’elle lui était encore salutaire dans ce sens, que la République, — après avoir balayé les institutions soi-disant libérales, équivoques, |47 du régime bourgeois, et renversé la domination des villes sur les campagnes, empêchée d’ailleurs elle-même de s’organiser et de s’asseoir solidement, par l’opposition de ces mêmes campagnes qui obéissaient à la direction à peu près absolue du clergé, — devait infailliblement aboutir au seul régime qui puisse réellement convenir à l’Église, au régime du pur despotisme, soit sous la forme de la monarchie légitime, soit sous celle d’une franche dictature mili-