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ses alliances matrimoniales, aussi bien que par toutes les conditions matérielles de son existence nouvelle, elle était déjà devenue, sans s’en douter elle-même, toute bourgeoise. Son orgueil de caste, sa loyauté chevaleresque et sa fidélité au malheur n’étaient plus que des phrases insipides, ridicules, dans lesquelles elle avait perdu elle-même toute confiance, et auxquelles elle ne pouvait pas raisonnablement sacrifier plus longtemps les intérêts sérieux de l’ambition et de la cupidité. De toutes ses attaches passées, elle n’en a donc conservé qu’une seule : celle qui, fondée sur son grossier égoïsme et sur son ignorance stupide, la lie indissolublement à l’Église et en fait l’esclave de Rome. C’est aussi l’unique point qui sépare sérieusement à cette heure la bourgeoisie rurale et la bourgeoisie des villes.

|37 Depuis 1848, la bourgeoisie rurale constitue proprement ce qu’on appelle aujourd’hui en France le grand parti de l’ordre. La bourgeoisie des villes ayant abdiqué par lâcheté, elle n’en est plus que l’appendice et comme l’alliée forcée, traînée à la remorque par ces braves gentilshommes campagnards, ces vrais chevaliers et sauveurs de l’ordre social en France, doublés de soldats de Bonaparte, et saintement inspirés et dirigés par les prêtres.

Le parti de l’ordre ! Quel est l’honnête homme qui, après les trahisons, les tueries et les déportations en masse de Juin et de Décembre ; après l’ignoble abandon de cette malheureuse France aux Prussiens, par presque tous les propriétaires ruraux