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qui fut salué par tous les gouvernements de l’Europe comme un gage certain du retour de la France à la politique de la réaction, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, en même temps que de l’inféodation définitive du pays légal ou bourgeois à la dynastie d’Orléans, tout espoir de renversement sembla perdu. Les agitations politiques qui avaient tourmenté la première moitié de ce règne cessèrent tout d’un coup, et l’opinion publique, naguère si orageuse, était retombée dans un calme plat. On n’entendit plus parler que de chemins de fer, de compagnies transatlantiques, et d’autres affaires industrielles et commerciales. Les républicains continuèrent bien leurs conspirations, mais on eût dit qu’ils ne conspiraient plus que pour leur propre plaisir, tant leurs conspirations paraissaient innocentes. La police de M. Duchâtel, loin de les craindre, semblait les protéger, et au besoin même les provoquer. Quant à l’opposition parlementaire, représentée par des ambitieux inoffensifs comme MM. Thiers, Odilon Barrot, Dufaure, Passy, et tant d’autres, elle avait pris un caractère d’insignifiance et de monotonie désespérantes, ne paraissant, et n’étant plus en effet, qu’une soupape de sûreté dans ce régime, dont elle était ainsi devenue le complément nécessaire. L’idéal de la bourgeoisie moderne était accompli ; la France était devenue raisonnable, bête et ennuyeuse à mourir.

Ce fut l’époque de la première apparition des livres et des idées de Proudhon, qui contenaient en