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Éducation de l’esprit, non du cœur. Les bons pères de la Société de Jésus, qui en ont nécessairement la haute direction, trouvent beaucoup plus utile de fausser le développement des esprits et de paralyser leur élan naturel, que d’allumer des passions religieuses dans les cœurs de leurs élèves. On pourrait même dire qu’ils redoutent ces passions, qui leur ont joué souvent de fort mauvais tours, en entraînant leurs élèves en dehors des voies prescrites, et en les faisant tomber quelquefois, des excès de ce fanatisme mystique qu’on retrouve à l’origine de toutes les hérésies religieuses, dans les excès contraires d’un scepticisme furieux. C’est tout au plus s’ils cultivent, quand ils ne peuvent faire autrement, le mysticisme du cœur dans les femmes, dont les passions religieuses, le plus souvent inévitables, sont, il est vrai, quelque peu incommodes, quelquefois même assez dangereuses, mais en même temps si utiles, si précieuses |24 comme moyen d’action et comme instrument de puissance entre les mains du prêtre.

Les bons pères de Jésus ne s’occupent donc guère de l’éducation des cœurs masculins, et ne se soucient aucunement d’y allumer les saintes flammes de l’amour céleste. Ils les laissent se remplir de tous les intérêts, de toutes les vanités et de toutes les passions de ce monde. Ils ne leur défendent pas les jouissances grossières, bien au contraire. Ils y laissent croître en paix la concupiscence, l’égoïsme, l’ambition, l’orgueil et la vanité nobi-