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apparences sociales. Comme le bourgeois gentilhomme de Molière, tout bourgeois, capitaliste ou propriétaire, de France, est brûlé du désir de devenir un baron pour le moins, et de coucher, ne fût-ce qu’une fois en sa vie, avec quelque marquise.

Ce fut ainsi que, la vanité bourgeoise et la communauté des intérêts aidant, il se forma, sous le règne de Louis-Philippe, dans les campagnes, en province, une chose nouvelle, la bourgeoisie rurale, dans laquelle imperceptiblement se perdit tout à fait l’ancienne noblesse. L’esprit qui anima désormais cette classe fut un produit complexe de différents éléments. La bourgeoisie y apporta son positivisme cynique, la brutalité des chiffres, la dureté des intérêts matériels ; et la noblesse sa vanité courtisane, sa fausse chevalerie où l’honneur avait été depuis longtemps remplacé par le point d’honneur ; ses belles façons et ses grandes phrases qui masquent si agréablement la misère de son cœur et la nullité désolante de son esprit ; son ignorance honteuse, sa philosophie de sacristie, son culte du goupillon et son hypocrite sentimentalité religieuse. L’Église enfin, toujours pratique, toujours acharnée dans la poursuite de ses intérêts matériels et de son pouvoir temporel, sanctionna par sa bénédiction ce mariage monstrueux entre deux classes jadis ennemies, mais confondues désormais en une classe nouvelle pour le malheur de la France. Cette classe devint nécessairement le Don Quichotte de l’ultramontanisme. |16 Ce fut précisément son trait dis-