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français sous la bannière allemande |10 du duc de Brunswick ; et depuis lors, forcés de battre honteusement en retraite devant le patriotisme démocratique des troupes républicaines, ils conspirèrent contre la France, comme dans les plus beaux jours de leur indépendance féodale, avec tout le monde et partout : avec le pape, dans toute l’Italie, en Espagne, en Angleterre avec Pitt, en Allemagne avec la Prusse et l’Autriche, en Suède même, et en Russie avec la vertueuse Catherine II, jusqu’à l’époque où les victoires foudroyantes du premier Napoléon, consul et empereur, eurent non anéanti, mais forcé à s’ensevelir dans le secret, dans l’intrigue, cette conspiration d’abord si bruyante de la noblesse de France contre la France.

Telle est donc la véritable nature de ce patriotisme dont elle fait un si grand étalage aujourd’hui. Réduit à ses éléments les plus simples, |11 c’est le désintéressement économique du bourgeois, mêlé à la fierté du courtisan et à l’humanité de la sacristie ; c’est la fidélité toujours prête à se vendre et à vendre la France, mais s’abritant toujours sous le drapeau national, pourvu que ce drapeau soit blanc et immaculé comme elle-même ; un torchon béni par l’Église, un talisman merveilleux et fécond en bienfaits pour les propriétaires de la France, — mais pour le peuple de France, pour la dignité intellectuelle et morale de cette grande et misérable nation, un linceul.

Qui ne sait l’histoire de l’avilissement ou de l’em-