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brutale convoitise et de vanité à la fois servile et féroce dans le patriotisme allemand ; d’instinct despotique et cruel, d’insolence implacable et de mépris humain dans les Bismarck, les Moltke, et dans tous les autres chefs couronnés et non couronnés de l’Allemagne, il devait être clair que la France comme État, comme domination politique et comme puissance de premier ordre, était |2 perdue. Anéantie comme État, la France ne pouvait plus renaître à une puissance nouvelle, à une grandeur nouvelle, non plus politique cette fois, mais sociale, que par la Révolution, à moins qu’elle ne préférât traîner une existence misérable comme État de second ou même de troisième ordre, avec la permission spéciale de M. de Bismarck et sous la protection peu gracieuse de ce grand Empire knouto-germanique qui vient de remplacer aujourd’hui l’Empire de Napoléon III.

Toute la question était donc là : La France, après avoir fait banqueroute comme État, et se trouvant, par là même, incapable d’opposer à l’invasion knouto-germanique une force politiquement et administrativement organisée, trouverait-elle en elle-même, comme société, comme nation, assez de génie et assez de puissance vitale pour chercher son salut dans la révolution ? Et comme, aujourd’hui, il n’est plus d’autre révolution possible que la Révolution sociale ; comme le soulèvement, unanimement et sincèrement populaire, d’une nation contre une invasion étrangère détestée, signifie guerre sans merci,