Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naires les retire de leur somnolence habituelle et les force à jeter un coup d’œil sur eux et autour d’eux.

En politique comme en religion, les hommes ne sont que des machines entre les mains des exploiteurs. Mais voleurs et volés, oppresseurs et opprimés, vivent les uns à côté des autres, gouvernés par une poignée d’individus, qu’il convient de considérer comme de vrais exploiteurs. Ce sont les mêmes gens, libres de tous préjugés, politiques et religieux, qui maltraitent et oppriment consciemment. Au dix-septième et au dix-huitième siècle, jusqu’à l’explosion de la grande Révolution, comme de nos jours, ils commandent en Europe et agissent presque à leur guise. Il faut croire que leur domination ne se prolongera pas longtemps.

Pendant que les principaux chefs trompent et perdent les peuples en toute conscience, leurs serviteurs, ou les créatures de l’Église et de l’État, s’appliquent avec zèle à soutenir la sainteté et l’intégrité de ces odieuses institutions. Si l’Église, d’après les dires des prêtres et de la plupart des hommes d’État, est nécessaire au salut de l’âme, l’État, à son tour, est aussi nécessaire pour la conservation de la paix, de l’ordre et de la justice ; et les doctrinaires de toutes les écoles de s’écrier : « Sans Église et sans Gouvernement, pas de civilisation ni de progrès ».

Nous n’avons pas à discuter le problème du salut éternel, parce que nous ne croyons pas à l’immortalité de l’âme. Nous sommes convaincus que la