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elle n’est plus capable de pensées audacieuses, ni de résolutions énergiques, ni de grandes actions. Elle est châtrée et a passé définitivement à l’état de chapon. Elle pourra donc bien inquiéter et ennuyer le gouvernement, mais non le menacer d’un danger sérieux.

Le danger sérieux ne pourra lui venir que du prolétariat des villes. Aussi ce sera principalement contre lui qu’il usera de tous ses moyens d’étouffement et de répression. Son premier moyen sera de l’isoler tout à fait, en excitant d’abord contre lui, comme je l’ai déjà expliqué, les populations des campagnes, et, ensuite, en empêchant de toutes les manières, aidé puissamment en ceci par la grande et la moyenne bourgeoisie, que la petite bourgeoisie ne vienne se joindre à lui sur le terrain du socialisme. Son second moyen sera de le démoraliser et d’empêcher par toute sorte de mesures préventives et coercitives son développement intellectuel, moral et social : la mesure principale sera sans doute de défendre et de poursuivre, de persécuter avec acharnement toutes les associations ouvrières, et avant tout naturellement la grande et salutaire Association internationale des travailleurs du monde entier. Son troisième et dernier moyen sera de le contenir et de le réprimer par la force armée.

L’armée de ce gouvernement se transformera enfin tout à fait en un corps de gendarmes, trop faible et trop mal organisé pour défendre l’indé |86 pendance du pays, assez puissant pour comprimer les révoltes