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en société, que leurs notions absolues n’étaient que le résultat de la faculté de concevoir les idées abstraites. Voilà pourquoi ils considérèrent ces idées, tirées de la nature, comme des objets réels devant lesquels la nature même cessait d’être quelque chose. Ils se prirent ensuite à adorer leurs fictions, leurs impossibles notions d’absolu, et à leur décerner tous les honneurs. Mais il fallait, d’une manière quelconque, figurer et rendre sensible l’idée abstraite de néant ou de Dieu. Dans ce but, ils enflèrent la conception de la divinité et la douèrent, par surcroît, de toutes les qualités et forces, bonnes et mauvaises, qu’ils rencontraient seulement dans la nature et dans la société.

Telle fut l’origine et le développement historique de toutes les religions, en commençant par le fétichisme et en finissant par le christianisme.

Nous n’avons guère l’intention de nous lancer dans l’histoire des absurdités religieuses, théologiques et métaphysiques et encore moins de parler du déploiement successif de toutes les incarnations et visions divines, créées par des siècles de barbarie. Il est connu de tout le monde que la superstition donnait toujours naissance à d’affreux malheurs et forçait à répandre des ruisseaux de sang et de larmes. Nous dirons seulement que tous ces révoltants égarements de la pauvre humanité furent des faits historiques inévitables dans la croissance normale et l’évolution des organismes sociaux. De tels égarements engendrèrent dans la société cette idée