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gens ne peuvent admettre l’idée de l’indépendance mutuelle, sans renier la réciproque influence de la corrélation des manifestations de la nature extérieure.

Dans la nature elle-même, cette merveilleuse corrélation et filiation des phénomènes n’est pas atteinte, certainement, sans lutte. Tout au contraire, l’harmonie des forces de la nature n’apparaît que comme résultat véritable de cette lutte continuelle, qui est la condition même de la vie et du mouvement. Dans la nature et aussi dans la société, l’ordre sans lutte c’est la mort.

Si dans l’univers l’ordre est naturel et possible, c’est uniquement parce que cet univers n’est pas gouverné d’après quelque système imaginé d’avance et imposé par une volonté suprême. L’hypothèse théologique d’une législation divine conduit à une absurdité évidente et à la négation non seulement de tout ordre, mais de la nature elle-même. Les lois naturelles ne sont réelles qu’en ce qu’elles sont inhérentes à la nature, c’est-à-dire ne sont fixées par aucune autorité. Ces lois ne sont que de simples manifestations ou bien de continuelles modalités du développement des choses et des combinaisons de ces faits très variés, passagers, mais réels. L’ensemble constitue ce que nous appelons « nature ». L’intelligence humaine et la science observèrent ces faits, les contrôlèrent expérimentalement, puis les réunirent en un système et les appelèrent lois. Mais la nature elle-même ne connaît point de lois. Elle