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partageux des villes. On se trompe beaucoup si l’on pense que Bismarck et le vieux Guillaume, roi de Prusse, son élève et son maître, comme protestants, seront les ennemis des jésuites. Dans les pays protestants, ils continueront de protéger les mômiers, mais ils continueront de soutenir les jésuites dans les pays catholiques ; parce que jésuites et mômiers sont également excellents pour apprendre aux peuples la patience, la soumission et la résignation.

La grande majorité des bourgeois sera naturellement mécontente. Humiliés dans leur patriotisme et dans leur vanité nationale, ils seront en plus ruinés. Beaucoup de familles appartenant à la bourgeoisie moyenne descendront dans la petite bourgeoisie, et beaucoup de petits bourgeois se verront repoussés dans le prolétariat. Par contre, l’oligarchie bourgeoise accaparera encore davantage toutes les affaires et tous les revenus du commerce et de l’industrie nationale ; et |85 les éperviers de la Bourse spéculeront sur les malheurs de la France.

La bourgeoisie sera mécontente. Mais son mécontentement n’offrira pas de danger immédiat. Séparée du prolétariat par sa haine aussi bien réfléchie qu’instinctive contre le socialisme, elle est impuissante en ce sens qu’elle a perdu la faculté de faire la révolution. Il lui reste bien encore une sorte d’action lentement dissolvante, elle peut miner et ruiner les institutions à la longue, en les frondant, en leur faisant continuellement la petite guerre, comme cela se voit en Italie aujourd’hui, mais