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caine le seigneur Gambetta ; mais cette organisation et cette direction qui se forment d’en bas et qui sont l’expression même de la vie et de l’action populaires.

Il est évident, citoyen Esquiros, que pour vous adresser une lettre pareille, il faut que j’aie grande foi en vous. Et savez-vous pourquoi j’ai cette foi ? Je n’ai jamais eu l’honneur de vous rencontrer. Mais j’ai lu vos écrits et je connais votre vie. Je sais que vous n’avez jamais craint d’être un révolutionnaire conséquent, que vous ne vous êtes jamais démenti, et que jamais vous n’avez sacrifié la cause du peuple à des considérations de classe, de parti, ou à des vanités personnelles. Enfin, Monsieur, vous avez été le seul, dans ce malheureux Corps législatif, après les désastres qui ont détruit les armées françaises, et, permettez-moi de vous le dire, au milieu de la lâcheté et de la stupidité manifestées par tous vos collègues de la gauche, — les mêmes qui forment aujourd’hui le gouvernement de la Défense nationale, — le seul qui ayez proposé l’unique moyen qui restait pour sauver la France : à savoir celui de provoquer, par une proclamation faite au nom du Corps législatif, l’organisation spontanée de toutes les communes de France, en dehors de toute tutelle administrative et gouvernementale de l’État[1]. Vous vouliez proclamer, en un

  1. C’est dans la séance du 25 août 1870 qu’Esquiros avait proposé « que le Corps législatif invitât les municipalités à se constituer en centres d’action et de défense, en dehors de toute tutelle administrative, et à prendre, au nom de la France violée, toutes les mesures qu’elles croiront nécessaires ». Bakounine a mentionné cette proposition à la page 23 du manuscrit Continuation, III, d’où a été extraite la brochure Lettres à un Français : voir tome II, p. 199. — J. G.