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nous fîmes une démarche auprès du citoyen Esquiros, administrateur supérieur des Bouches-du-Rhône, pour connaître ses dispositions par rapport à lui. Esquiros nous reçut bien, nous manifesta ses sympathies et son estime pour Bakounine, et nous déclara que, quoi qu’il lui eût été signalé comme agent prussien par le gouvernement de Tours, il n’ajoutait aucune foi à cette dénonciation.

— « De mon côté, — ajouta-t-il, — il peut être parfaitement tranquille, il ne sera pas inquiété, et je ne me prêterai à aucune mesure commandée contre lui par le gouvernement. Cependant des agents spéciaux peuvent avoir été envoyés directement de Tours ou de Lyon pour l’arrêter, et, dans ce cas, il me sera impossible, s’ils agissent sans m’en faire part, de les en empêcher. »

« À Tours comme à Lyon, les républicains bourgeois, les Gambetta, les Challemel-Lacour, professaient une haine profonde contre les socialistes, et avaient un intérêt direct à s’emparer de notre ami. Dans l’entourage de Gambetta se trouvait d’autre part le général polonais Mieroslawski, ennemi personnel de Bakounine, qui usait en attendant, contre lui, de l’arme peu noble de la calomnie. Le danger n’était donc pas absolument écarté, et nous pressâmes de nouveau Bakounine de chercher un asile plus sûr.

« Il se rendit à nos sollicitations, et décida de retourner en Suisse en passant par Gênes. »

L’intérêt principal de la lettre écrite — et non envoyée — à Esquiros par Bakounine, c’est le rapprochement qu’y fait celui-ci entre le programme du mouvement révolutionnaire du 28 septembre et la proposition