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toutes ces institutions et tous ces représentants de l’éternelle tyrannie, ouverte ou masquée, non pour les remplacer par d’autres, mais pour détruire une fois pour toutes le principe même de la souveraineté, de la domination et de l’autorité ; et le suffrage universel, agissant au milieu de cette révolution, ayant pour point de départ l’égalité économique et sociale conquise par elle, n’aura point pour objet, comme beaucoup de soi-disant socialistes l’imaginent et l’espèrent, la création d’un nouvel État et d’un nouveau gouvernement politique, qui donneraient à cette « vile multitude » des maîtres nouveaux ; mais d’organiser largement, en procédant de bas en haut, par la voie d’une fédération libre, la liberté et le travail de tous, peuples, provinces, communes, associations et individus, sur l’unique base de l’égalité et de la fraternité humaines.

Tel est le vrai programme du socialisme révolutionnaire. Ce programme n’est point le produit d’une imagination ou d’une pensée isolée. Il est posé fatalement par la logique des faits |99 modernes et par la force même des choses. Il ressort de la situation actuelle et des dispositions, des instincts et de toutes les aspirations des masses ouvrières. Elles ne veulent plus de gouvernement, elles n’ont plus de foi dans aucune direction politique. Elles s’y subordonnent encore tant bien que mal, par mauvaise habitude, et parce qu’elles n’ont pas encore acquis assez de confiance en elles-mêmes pour prendre leurs propres affaires en leurs mains.