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Telle est la pure vérité sur ce suffrage universel dont M. Gambetta ne peut parler sans se laisser emporter par une exaltation tout à fait juvénile : « Le suffrage universel, — s’est-il écrié au milieu de son discours de Marseille, — c’est l’instrument de précision de la souveraineté du peuple, son mode d’action, son levier, son épée, son bouclier, car on ne saurait trop accumuler sur le suffrage universel les épithètes bienfaisantes, on ne saurait dire jusqu’à quel point ce suffrage, qui, dans un moment de défaillance, et de terreur peut-être, n’a fait qu’un service passager, mais qui porte dans ses flancs les destinées de la patrie[1] ; c’est par le suffrage que nous serons une démocratie plébéienne, complète, » — (c’est-à-dire bourgeoise, exploitrice du travail du prolétariat comme en Suisse et aux États-Unis d’Amérique), — |94 « avec de larges rangs, qui ne s’arrêtera nulle part, » — (pardon, Monsieur, tant que la société sera économiquement organisée comme elle l’est aujourd’hui, votre démocratie, comme dans les deux pays que je viens de citer, s’arrêtera là où finissent les exploiteurs et où commencent les exploités du travail national), — « et non pas avec cette sorte de sophistication, de mystification qui consiste à dire, pendant tout le terme que durent les explications gouvernementales, que l’on peut bien s’assembler dans un salon, mais non

  1. Le manuscrit de Bakounine paraît avoir omis ici plusieurs mots de la citation de Gambette, car le sens de cette phrase reste inachevé. — J. G.