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foi des économistes de la bourgeoisie, ou bien l’ignorance ordinaire des avocats dans tout ce qui a rapport à l’économie sociale, |90 pour oser dire que la prospérité bourgeoise doit avoir pour conséquence nécessaire le bien-être du prolétariat.

Au contraire, tous les faits modernes prouvent que l’une exclut absolument l’autre, parce que toute cette grande prospérité de la classe bourgeoise n’est fondée que sur l’exploitation impitoyable, inique, de la misère du prolétariat. Il n’est point du tout difficile de le prouver. La concurrence force les capitalistes producteurs, ou plutôt les capitalistes exploiteurs du travail productif de la masse ouvrière, à vendre les produits de ce travail au plus bas prix possible. Ils se rattrapent, il est vrai, sur la quantité des produits, ce qui les force de produire toujours et beaucoup, alors même qu’ils ne sont plus certains de trouver un marché pour leur marchandise, ce qui amène nécessairement deux conséquences fatales : d’abord, ces crises commerciales, effets naturels de la surproduction et qui laissent sans travail et sans pain des dizaines de milliers de travailleurs ; et ensuite, l’écrasement systématique et croissant de la petite industrie et du petit commerce par les grandes entreprises industrielles, commerciales et financières.

Pour vendre leur marchandise au plus bas prix possible, les capitalistes exploiteurs sont forcés de diminuer les frais de production. Le salaire que reçoivent les ouvriers constitue la partie la plus im-