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gressif des richesses nationales, loin d’améliorer la situation de la classe ouvrière, ne fait que l’empirer davantage, en la rendant de plus en plus dépendante et précaire.

Je sais bien que les économistes bourgeois prétendent tout à fait le contraire. D’après leurs théories, celles-là mêmes sans doute qui ont donné naissance aux illusions politiques de M. Gambetta, l’amélioration du sort du prolétariat doit découler directement de l’augmentation de la prospérité bourgeoise. Mais les faits sont des faits, et comme tels ils seront toujours beaucoup plus persuasifs et plus concluants que toutes les théories qui leur seront contraires. Les faits, avec une éloquence contre laquelle aucun sophisme de la doctrine économique ne saurait prévaloir, nous montrent la situation des classes ouvrières en Europe empirant en proportion même de l’accroissement de la richesse bourgeoise.

Considérez l’Angleterre, par exemple. Certes c’est le pays où l’industrie et le commerce ont fait, durant ces derniers cinquante ans, les plus immenses progrès, et où la richesse nationale s’est accrue dans la proportion la plus merveilleuse. Eh bien, la condition de la classe ouvrière s’est-elle améliorée ? Le bien-être des travailleurs est-il plus grand que dans les autres pays ? Point du tout. Au contraire, des enquêtes officielles ordonnées par le Parlement anglais, et exécutées par des commissaires avec la sévérité la plus consciencieuse, ont constaté qu’il y a, dans ce pays si riche, un beau-