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capable ; mais encore qu’il existe à sa place l’ancienne administration de l’empire, qui n’est autre chose qu’une vaste conspiration bonapartiste contre la France.

Le premier devoir du gouvernement de la Défense nationale n’était-il pas de la briser ? Ou bien les grands patriotes qui composent ce gouvernement auraient-ils poussé la naïveté jusqu’à croire qu’il suffisait qu’ils fussent au pouvoir pour que tout fût changé ; pour que même les sentiments réactionnaires et les dispositions bonapartistes de la vieille administration impériale — sentiments et dispositions fondés évidemment non sur des convictions intellectuelles ou morales, mais sur des intérêts très réels, très palpables et sur la solidarité des crimes passés — se transformassent aussitôt en patriotisme ? S’ils ont pu espérer pareille chose, il faut avouer que l’incapacité et l’impotente fatuité de tous ces dignes représentants du républicanisme bourgeois dépassent toute imagination, toute limite permise même à des avocats.

Mais non, je ne ferai pas cet affront à leur intelligence. J’aime mieux croire qu’ils ont vu, qu’ils ont compris le danger ; mais que, manquant du courage nécessaire pour l’attaquer en face, ils ont follement espéré |55 pouvoir le tourner. Faute de réalité, ils se sont payés d’illusions, comme le font habituellement les gens faibles, dans les moments de danger et de crise.

Il faut dire aussi que ce devrait être une bien rude