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partement ?Les armées françaises seraient-elles déjà si pleines qu’elles n’auraient plus besoin de soldats ? Ou bien les Prussiens auraient-ils cessé de dévaster la France ?

S’il a tant d’écus à sa disposition, pourquoi n’en prête-t-il pas quelques dizaines de millions à ces bons bourgeois de France si patriotiques et si généreux lorsqu’il s’agit de voter l’impôt du sang et d’envoyer sur les champs de bataille les enfants du peuple ; si parcimonieux, hélas ! lorsqu’il s’agit de contribuer par leurs propres écus à la délivrance de la France ?

Non, le gouvernement de la Défense nationale |40 n’a pas l’argent nécessaire pour organiser la défense du pays. S’il l’avait eu, il n’aurait point laissé s’écouler plus d’un mois sans rien faire pour cette défense nationale qui est son titre unique et sa seule raison d’être. Il eût employé au besoin la moitié de la population de la France au confectionnement des munitions et des armes, et il eût envoyé l’autre moitié au-devant des Prussiens. Il ne l’a point fait, donc il n’a pas le sou.

Et d’où lui viendrait la richesse ? Napoléon III n’a-t-il pas épuisé tout le budget et tout le crédit de la France ? Les crédits extraordinaires votés par le Corps législatif à la veille et dans les premiers mois de la guerre ont été gaspillés, comme tant d’autres milliards qui ont passé entre les mains impures des serviteurs du plus impur des souverains. La guerre a mangé le reste. Lorsque le gouvernement de la