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de les payer longtemps, et je pense que le gouvernement de la Défense nationale a bien tort de faire des promesses qu’il ne pourra point tenir. Dans la situation terrible où se trouve la France, ce n’est point par des mensonges, ce n’est point par un système de fictions illusoires, c’est en dévoilant toute la vérité, quelque cruelle et amère qu’elle soit, qu’on pourra la sauver.

Si le gouvernement de la Défense nationale est assez riche pour payer les pensions, |39 — pensions qui, par parenthèse, ont été accordées, en très grande partie au moins, par la munificence de Sa Majesté l’empereur Napoléon III à ses plus fidèles serviteurs, c’est-à-dire aux plus viles créatures de la France, — pourquoi n’emploie-t-il pas une partie de cet argent à l’achat ou à la fabrication des armes et des munitions ? Pourquoi n’arme-t-il pas au plus vite le peuple de France ? Pourquoi ne distribue-t-il pas deux, trois millions de fusils, pour que ce peuple, livré aujourd’hui sans défense à l’atroce brutalité des soldats de l’Allemagne, puisse défendre sa vie, son bien, l’honneur de ses filles, et, par un soulèvement immense, sauver la France ? S’il l’avait fait dès le premier jour de son installation au pouvoir, la ville d’Orléans ne serait pas tombée si facilement aux mains des Prussiens.

S’il a tant d’argent, pourquoi laisse-t-il inactifs et errants tous ces milliers de gardes mobiles, de francs-tireurs et de volontaires de toutes sortes qui restent désarmés dans tous les chefs-lieux de dé-