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nationale, et de la Convention jusqu’au premier et au second empire, avait fini par tuer le mouvement, la pensée et la vie dans les provinces, — |32 Paris, dans l’intérêt de la France et même dans l’intérêt de son propre salut, est aujourd’hui forcé d’abdiquer. Une ville dont les communications sont interrompues ne peut plus gouverner ni administrer la France. Une ville dont le propre salut dépend de l’action énergique et spontanée du pays, ne peut point sauver le pays. Ne pouvant le sauver, Paris a perdu le droit de lui commander. Paris, assiégé et menacé par les Prussiens, n’a plus que ce langage à tenir aux communes de la France :

« Je vous ai gouvernées et administrées pendant plus de deux siècles. Englobant dans une centralisation croissante, et détruisant une à une, par le mécanisme artificiel de l’État, d’abord toutes les autonomies provinciales, et plus tard toutes les libertés communales, je vous ai réduites peu à peu à l’état d’automates sans âme, sans mouvement propre, et n’agissant plus que par ma pensée et par ma volonté. Ce système a été votre malheur et le mien. À trois reprises différentes, pendant les derniers quatre-vingts ans, il nous a fait perdre la liberté conquise par le peuple. Aujourd’hui il nous a conduits, vous et moi, au bord de l’abîme. Assiégé par les Prussiens, je suis perdu si vous ne volez à mon secours. Mais pour venir à mon secours, vous devez pouvoir bouger, penser, vouloir, agir, et vous ne pourrez pas le faire tant que vous resterez enchaî-