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employés ou mouchards de l’empire, et l’incarcération des républicains trop ardents à leur place ? Il veut étouffer la révolution à tout prix, alors même qu’il devient de plus en plus évident que la révolution peut seule sauver la France.]

Cela démontre que les citoyens honorables qui composent le gouvernement provisoire n’ont rien compris ni à la situation actuelle de la France, ni à leur propre situation, et qu’ils continuent de les méconnaître encore. S’ils eussent compris l’une et l’autre, ils se seraient dit qu’ils ne forment un gouvernement incontestablement légitime que vis-à-vis de l’envahisseur étranger, mais que vis-à-vis de la France ils n’ont |28 ni droit, ni puissance.

Ils n’ont pas de droit, parce que Paris n’avait lui-même ni ce droit, ni l’intention de le leur conférer. Je l’ai déjà dit, le peuple de Paris, cette partie du peuple au moins qui au 4 septembre a fait prévaloir sa volonté, en proclamant la République, ne les a point élus ; il les a acceptés et soufferts, dans un moment de suprême détresse, comme les moins faibles parmi les faibles, comme les moins menteurs, comme les moins malveillants et comme les moins incapables, parmi cette foule d’impuissants, de trompeurs, de malveillants, et de rhéteurs incapables qui composaient le Corps législatif. Enfin le peuple a accepté toute la gauche qui, à tort ou à raison, se disait irréconciliable, sans excepter M. Picard qui, tenté par les succès de M. Ollivier, s’était demandé un instant s’il ne valait pas mieux