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Décembre ; et d’ailleurs il n’aurait tenu qu’a eux-mêmes de se libérer au plus vite, avec quelque mille livres de rente qu’on leur laisserait comme moyen de traîner une existence non matériellement, mais moralement misérable.

Mais c’eût été un moyen révolutionnaire. Ah ! voilà toute la question. M. Gambetta et ses compagnons du gouvernement provisoire ont senti |27 qu’en s’embarquant dans cette voie, ils entreraient en pleine révolution. Et aujourd’hui, comme hier, ils ne veulent pas de révolution.

Constatons encore une fois les résultats de cette générosité, selon moi, aussi intempestive que funeste, dont les membres du gouvernement provisoire ont usé vis-à-vis de ces pillards du 2 Décembre, qui sont en même temps les plus dangereux ennemis de la République française. Premier résultat : la perte de deux milliards, ou d’un milliard au moins, dans un moment où le salut de la France réclame beaucoup d’argent. Second résultat : ces mêmes milliards employés à la ruine de la France par une bande de malfaiteurs, dont les uns, inspirés par Napoléon III et Madame Eugénie, conspirent contre elle à l’étranger, et les autres, répandus dans les provinces, préparent la trahison dans l’intérieur même de la France. Pour augmenter sans doute le nombre de ces derniers, le gouvernement provisoire n’a-t-il point tout dernièrement ordonné la mise en liberté de tous les préfets, procureurs généraux, commissaires de police, sergents de ville, et autres