Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les ruines de l’empire, renversé non par un effort révolutionnaire du peuple français, mais par les baïonnettes victorieuses des soldats du roi Guillaume. Fut-ce la gauche républicaine qui eut au moins cette fois le courage de proclamer le rétablissement de la République, violée il y a vingt ans par Napoléon III ? Pas du tout, ce fut l’œuvre immédiate et directe du peuple de Paris. Pendant la nuit qui précéda le jour de cette acclamation populaire, les généreux républicains du Corps législatif ne proposèrent-ils pas à la majorité bonapartiste de constituer une sorte de conseil gouvernemental, composé mi-partie de bonapartistes et de républicains ! Et le jour même de la proclamation de la République par le peuple, M. Gambetta, le tribun fougueux et irréconciliable, ne supplia-t-il pas le peuple de Paris de ne point crier : « Vive la République », de se contenter de ce cri : « Vive la France », et de respecter la liberté des délibérations de ce Corps législatif qui, par sa complaisance intéressée et servile à la volonté de Napoléon III, a perdu la France ?

Enfin ces tiers républicains dont toute la France bourgeoise attend sottement aujourd’hui son salut, ces éloquents interprètes de l’impuissante bruyante, ont montré une persistance admirable dans la démonstration publique de leur nullité. Ils n’ont pris aucune initiative, ils n’ont rien fait, laissant tout faire au peuple. Le peuple de Paris, n’ayant pas trouvé de meilleurs sujets sous sa main, les a placés au pouvoir, et ils s’y sont cramponnés. Voilà tout