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ment pour s’emparer du pouvoir. Ils attendirent que la marche des événements le fît tomber en leurs mains. Le ministère Palikao profita largement du répit que lui donna la lâcheté de la gauche. Pendant qu’il livrait désarmées l’Alsace, la Lorraine et toutes les provinces du Nord-Est, avec la dernière armée régulière, aux Prussiens, il mettait en état de siège tout le reste de la France et soulevait les paysans contre les villes au nom de l’infâme Bonaparte. Pour sauver la dynastie, il ruinait la défense du pays et il ouvrait la porte large à l’invasion étrangère.

La trahison était tellement évidente, qu’à la fin les irréconciliables du Corps législatif eux-mêmes, malgré leur patience évangélique, ne purent plus contenir leurs murmures. Ils osèrent enfin parler. Mais alors que leur répondirent les zélés bonapartistes de la droite ? « Au nom de la patrie, taisez-vous : vous semez la défiance et la division, vous détruisez l’union nécessaire au salut du pays ! » C’est précisément le même argument dont se servent aujourd’hui Messieurs les bourgeois radicaux, qui, après être montés au pouvoir, trouvent mauvais que le peuple leur dise qu’ils ne font rien, mais absolument rien pour le salut de la France, et qu’à cette heure ne rien sacrifier, ne rien faire, c’est trahir le pays, c’est le livrer aux Prussiens.

Enfin, après la capitulation de Sedan, qui eut pour heureux résultat de démasquer complètement la lâcheté incroyable et l’infâme trahison |15 de Napoléon III, la République fut proclamée et rétablie sur