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une révolution sociale ; ils ont mieux aimé se taire, alors même que leur silence devait ruiner la cause de la France.

En se taisant, ils devinrent les complices des mensonges et des mesures réactionnaires du ministère Palikao : mensonges qui eurent pour but d’endormir l’inquiétude et la défiance patriotiques du peuple ; mesures qui eurent pour effet de paralyser, lorsqu’il en était temps encore, la résurrection de la France. Tel fut le triste rôle auquel les condamna leur haine du socialisme. Ils devinrent les comparses du système bonapartiste qu’ils détestaient du fond de leurs cœurs, et, par une conséquence fatale, ils devinrent les alliés des Prussiens. Pris entre la menace d’une révolution sociale et l’invasion étrangère, ils préférèrent cette dernière. Tel fut leur crime devant la France.

Ils se turent ainsi près d’un mois. Ils donnèrent plus de vingt-quatre jours d’existence à un infâme ministère qui évidemment trahissait le pays, sachant que, devant le terrible danger qui menaçait la France, chaque heure était précieuse pour son salut, et voyant que chacune de ces heures était utilisée pour sa ruine. Tout pouvait être sauvé, et tout fut perdu pendant ces vingt-quatre jours, et la faute en retombe tout entière sur la gauche radicale, qui n’eut ni le courage ni la volonté de sauver le pays.

|14 Toujours paralysés par cette crainte de la révolution sociale, ils n’osèrent point faire un mouve-