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rielle sans l’inspirer d’aucune idée, sans l’appuyer sur une force morale quelconque ! Elle acclama le ministère du féroce pillard de la Chine. Elle admira, elle adora un instant le général Palikao qui « lui faisait la mariée si belle ! » Elle crut avoir trouvé dans sa brutalité militaire, secondée par le jésuitisme du ministre de l’intérieur, M. Chevreau, le salut de la France.

Par patriotisme et de peur de paralyser les efforts « surhumains » de ces dignes hommes pour le salut de la France, la gauche radicale s’abstint de toute récrimination et de toute critique. M. Gambetta crut même de son devoir d’adresser des compliments chaleureux et d’exprimer sa pleine confiance au général Palikao. Ne fallait-il pas « maintenir à tout prix l’union et empêcher de funestes divisions, qui ne pouvaient profiter qu’aux Prussiens » ? Tels furent l’excuse et l’argument principal de la gauche, qui s’en servit pour masquer toutes ses sottises, toutes ses faiblesses, toutes ses lâchetés.

Cette excuse ridicule et ce faux argument, inventés par la bourgeoisie radicale, faussent encore aujourd’hui les esprits, dévoient l’opinion du public, y introduisent l’hypocrisie, l’indifférence, la torpeur, et paralysent tous les efforts du peuple pour sauver la France. Il me paraît donc plus que jamais nécessaire d’en examiner la valeur.

[[1] L’union fait la force, voilà une vérité bien con-

  1. Le passage qui suit, entre crochets, a été biffé par Bakounine dans son manuscrit. C’est qu’il l’a replacé, avec quelques changements de rédaction, dans L’Empire knouto-germanique : voir tome II, de la p. 292, ligne 19, au bas de la p. 295. — J. G.