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universelle dont nous n’aurons pas surpris le secret ; et, vu la faiblesse naturelle de l’individu même le plus fort contre l’influence toute-puissante du milieu social qui l’entoure, nous courrons toujours le risque de retomber tôt ou tard, et d’une manière ou d’une autre, dans l’abîme de l’absurdité religieuse. Les exemples de ces conversions honteuses sont fréquents dans la société actuelle.

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|167 J’ai dit la raison pratique principale de la puissance exercée encore aujourd’hui par les croyances religieuses sur les masses. Ces dispositions mystiques ne dénotent pas tant, chez elles, une aberration de l’esprit qu’un profond mécontentement du cœur. C’est la protestation instinctive et passionnée de l’être humain contre les étroitesses, les platitudes, les douleurs et les hontes d’une existence misérable. Contre cette maladie, ai-je dit, il n’est qu’un seul remède : c’est la Révolution sociale.

Dans l’Appendice, j’ai tâché d’exposer les causes qui ont présidé à la naissance et au développement historique des hallucinations religieuses dans la conscience de l’homme. Ici, je ne veux traiter cette question de l’existence d’un Dieu, ou de l’origine divine du monde et de l’homme, qu’au point de vue de son utilité morale et sociale, et je ne dirai, sur la raison théorique de cette croyance, que peu de mots seulement, afin de mieux expliquer ma pensée.