Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

divine, toujours présente et active dans le monde et manifestée toujours par la totalité des êtres matériels et finis. Ici je me bornerai à relever un seul point.

[1] On conçoit parfaitement le développement successif |155 du monde matériel, aussi bien que de la vie organique, animale, et de l’intelligence historiquement progressive, tant individuelle que sociale, de l’homme, dans ce monde. C’est un mouvement tout à fait naturel du simple au composé, de bas en haut ou de l’inférieur au supérieur ; un mouvement conforme à toutes nos expériences journalières, et par conséquent conforme aussi à notre logique naturelle, aux propres lois de notre esprit qui, ne se formant jamais et ne pouvant se développer qu’à l’aide de ces mêmes expériences, n’en est pour ainsi dire rien que la reproduction mentale, cérébrale, ou le résumé réfléchi.

Le système des idéalistes nous présente tout à fait le contraire. C’est le renversement absolu de toutes les expériences humaines et de ce bon sens universel et commun qui est la condition essentielle de toute entente humaine et qui, en s’élevant de cette vérité si simple et si unanimement reconnue, que deux fois deux font quatre, jusqu’aux considérations scientifiques les plus sublimes et les plus compliquées, n’admettant d’ailleurs jamais rien qui ne

  1. Cet alinéa a été transposé par les éditeurs de Dieu et l’État, et placé après l’alinéa qui, dans le manuscrit, lui fait suite. — J. G.