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privée ; à la seconde, la science ; à la troisième, la liberté[1].

Les idéalistes de toutes les écoles, aristocrates et bourgeois, théologiens et métaphysiciens, politiciens et moralistes, religieux, philosophes ou poètes, — sans oublier les économistes libéraux, adorateurs effrénés de l’idéal, comme on sait, — s’offensent beaucoup lorsqu’on leur dit que l’homme, avec toute son intelligence magnifique, ses idées sublimes et ses aspirations infinies, n’est, comme tout ce qui existe dans le monde, rien que matière, rien qu’un produit de cette vile matière.

Nous pourrions leur répondre que la matière dont parlent les matérialistes, — matière spontanément, éternellement mobile, active, productive ; matière chimiquement ou organiquement déterminée, et manifestée par les propriétés ou les forces mécaniques, physiques, animales et intelligentes qui lui sont forcément inhérentes, — que cette matière n’a rien de commun avec la vile matière des idéalistes. Cette dernière, produit de leur fausse abstraction, est effectivement un être stupide, inanimé, immobile, incapable de produire la moindre des choses, un caput mortuum, une vilaine imagination |154 opposée à cette belle imagination qu’ils appellent Dieu, l’Être suprême vis-à-vis duquel la ma-

  1. Le lecteur trouvera un développement plus complet de ces trois principes dans l’Appendice ajouté à la fin de ce livre, sous ce titre : Considérations philosophiques sur le fantôme divin, sur le monde réel et sur l’homme. (Note de Bakounine.)