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mêmes qui osent s’appeler les tuteurs et les pères de peuples ? — Je reviens au mythe du péché originel.

Dieu donna raison à Satan et reconnut que le diable n’avait pas trompé Adam et Eve en leur promettant la science et la liberté, comme récompense de l’acte de désobéissance qu’il les avait induits à commettre ; car aussitôt qu’ils eurent mangé du fruit défendu, Dieu se dit à lui-même (voir la Bible) : « Voilà que l’homme est devenu comme l’un de Nous, il sait le bien et le mal ; empêchons-le donc de manger du fruit de la vie éternelle, afin qu’il ne devienne pas immortel comme Nous ».

Laissons maintenant de côté la partie fabuleuse de ce mythe et considérons-en le vrai sens. Le sens en est très clair. L’homme s’est émancipé, il s’est séparé de l’animalité et s’est constitué comme homme ; il a commencé son histoire et son développement proprement humain par un acte de désobéissance et de science, c’est-à-dire par la révolte et par la pensée.

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[1] Trois éléments ou, si vous voulez, trois principes |153 fondamentaux constituent les conditions essentielles de tout développement humain, tant collectif qu’individuel, dans l’histoire : 1° l’animalité humaine ; 2° la pensée ; et 3° la révolte. À la première correspond proprement l’économie sociale et

  1. Cet alinéa et les deux suivants ont été, par les éditeurs de Dieu et l’État, enlevés de la place qu’ils occupent dans le manuscrit, et transportés au commencement de la brochure. — J. G.