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nue par moi-même dans tout ce qui a rapport aux sciences naturelles :

« Je dois maintenant procéder à l’examen général de ce qui comporte un certain caractère de positivité dans les hypothèses cosmogoniques. Il serait sans doute superflu d’établir spécialement à cet égard ce préliminaire indispensable, que toute idée de création proprement dite doit être ici radicalement écartée, comme étant par sa nature entièrement insaisissable[1], et que la seule recherche raisonnable, si elle est réellement accessible, doit concerner uniquement les transformations successives du ciel, en se bornant même, au moins d’abord, à celle qui a pu produire immédiatement son état actuel… La question réelle consiste donc à décider si l’état présent du ciel offre quelques indices appréciables d’un état antérieur plus simple, dont le caractère général soit susceptible d’être déterminé. À cet égard, la séparation fondamentale que je me suis tant occupé de constituer solidement entre l’étude nécessairement

  1. Voilà une de ces expressions équivoques, pour ne point dire hypocrites, que je déteste chez les philosophes positivistes. Auguste Comte ignorait-il que l’idée de la création et d’un créateur n’est pas seulement insaisissable, qu’elle est absurde, ridicule, impossible ? On pourrait presque croire qu’il n’en a pas été bien sûr lui-même, preuve la rechute dans le mysticisme qui a signalé la fin de sa carrière et à laquelle j’ai déjà fait allusion plus haut. Mais ses disciples au moins, avertis par cette chute de leur maître, devraient comprendre enfin tout le danger qu’il y a à rester ou au moins à laisser le public dans cette incertitude sur une question dont la solution soit affirmative, soit négative, doit exercer une si grande influence sur tout l’avenir de l’humanité. (Note de Bakounine.)