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toujours, tant qu’il n’aura pas disparu à son tour, nous pouvons rechercher cette origine ou ces causes dans leur effet, c’est-à-dire dans la présente réalité de notre système solaire, qui occupe dans l’infinité de l’espace une étendue circonscrite et par conséquent déterminable, sinon encore déterminée. Car, remarquez-le bien, une cause n’est une cause qu’en tant qu’elle s’est réalisée dans son effet. Une cause qui ne se serait point traduite dans un produit réel ne serait qu’une cause imaginaire, un non-être ; d’où il résulte que toute chose, étant nécessairement produite par une somme indéfinie de causes, porte la combinaison réelle de toutes ces causes en elle-même, et n’est rien en réalité que cette réelle combinaison de toutes les causes qui l’ont produite. Cette combinaison, c’est tout son être réel, son intimité, sa substance.

La question concernant la substance de la matière universelle ou de l’Univers contient donc une supposition absurde : celle de l’origine, de la cause première des mondes, ou bien de la Création. Toute substance n’étant rien que la réalisation effective d’un nombre indéfini de causes combinées en une action commune, pour expliquer la substance de l’Univers il faudrait en rechercher l’origine ou les causes, et il n’en a pas, puisqu’il est éternel. Le monde universel est : c’est l’Être absolu, unique et suprême, en dehors duquel rien ne saurait exister ; comment le déduire alors de quelque chose ? La pensée de s’élever au-dessus ou de se mettre en de-