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matière universelle, l’Univers infini, l’Être absolu et unique, n’était pas ? Où il n’y avait que l’idée, et nécessairement l’idée divine, Dieu, qui, par un caprice singulier, après avoir été pendant une éternité, infinie dans le passé, un Dieu fainéant ou un Dieu impuissant, un Dieu inachevé, imagina tout d’un coup, et se sentit à un moment donné, à une époque déterminée dans le temps, la puissance et la volonté, de créer l’Univers ? qui, après avoir été pendant une éternité un Dieu non créateur, devint, par je ne sais quel miracle de développement intérieur, un Dieu créateur ?

Tout cela est nécessairement contenu dans cette question sur l’origine de la matière universelle. En admettant même, pour un instant, cette absurdité d’un Dieu créateur, nous arriverons forcément à reconnaître l’éternité de l’Univers. Car Dieu n’est Dieu que parce qu’il est supposé être l’absolue perfection ; mais l’absolue perfection exclut toute idée, toute possibilité de développement. Dieu n’est Dieu que parce que |225 sa nature est immuable. Ce qu’il est aujourd’hui, il l’a été hier et le sera toujours. Il est un Dieu créateur et tout-puissant aujourd’hui, donc il l’a été de toutes les éternités ; donc ce n’est pas à une époque déterminée, mais de toutes les éternités, qu’il a créé les mondes, l’Univers. Donc l’Univers est éternel. Mais, étant éternel, il n’a pas été créé, et il n’y eut jamais de Dieu créateur.

Dans cette idée d’un Dieu créateur, il y a cette contradiction, que toute création, idée et fait em-