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giens et des métaphysiciens, l’absolu, et la science n’ayant pour objet que ce qui est relatif, elle n’a rien à faire avec Dieu, qui ne peut être pour elle qu’une hypothèse invérifiable.

Laplace disait la même chose avec une plus grande franchise d’expression : « Pour construire mon système des mondes, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse ». Ils n’ajoutent pas que l’admission de cette hypothèse entraînerait nécessairement la négation, l’annulation de la science et du monde. Non, ils se contentent de dire que la science est impuissante à la vérifier, et que, par conséquent, ils ne peuvent l’accepter comme une vérité scientifique.

Remarquez que les théologiens — non les métaphysiciens, mais les vrais théologiens — disent absolument la même chose : « Dieu étant l’Être infini, tout-puissant, absolu, éternel, l’esprit humain, |198 la science de l’homme, est incapable de s’élever jusqu’à lui », De là résulte la nécessité d’une révélation spéciale déterminée par la grâce divine ; et cette vérité révélée, et qui, comme telle, est impénétrable à l’analyse de l’esprit profane, devient la base de la science théologique.

Une hypothèse n’est hypothèse précisément que parce qu’elle n’a pas encore été vérifiée. Mais la science distingue deux sortes d’hypothèses : celles dont la vérification paraît possible, probable, et celles dont la vérification est à tout jamais impossible. L’hypothèse divine, avec toutes ses modifica-