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velles. Arrivée à son terme, elle dira honnêtement : « Je ne sais pas », mais elle ne déduira jamais rien de ce qu’elle ne saura pas.

La science universelle est donc un idéal que l’homme ne pourra jamais réaliser. Il sera toujours forcé de se contenter de la science de son monde, en étendant tout au plus ce dernier jusqu’aux étoiles qu’il peut voir, et encore n’en saura-t-il jamais que bien peu de choses. La science réelle n’embrasse que le système solaire, surtout notre globe et tout ce qui se produit et se passe sur le globe. Mais dans ces limites mêmes, la science est encore trop immense pour qu’elle puisse être embrassée par un seul homme, ou même par une seule génération, d’autant plus que, comme je l’ai déjà fait observer, les détails de ce monde se perdent dans l’infiniment petit et sa diversité n’a point de limites assignables.

Cette impossibilité d’embrasser d’un seul coup l’ensemble immense et les détails infinis du monde visible a donné lieu à la division |190 de la science une et indivisible, ou de la science générale, en beaucoup de sciences particulières ; séparation d’autant plus naturelle et nécessaire, qu’elle correspond aux ordres divers qui existent réellement dans ce monde, ainsi qu’aux points de vue différents sous lesquels l’esprit humain est pour ainsi dire forcé de les envisager : Mathématique, Mécanique, Astronomie, Physique, Chimie, Géologie, Biologie et Sociologie, y compris l’histoire du développement de l’espèce humaine, telles sont les principales divisions qui se