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5. Philosophie, Science.
(Feuillets 182-256.)


Nous devons examiner maintenant le procédé par lequel l’homme est arrivé à ce résultat, afin de reconnaître, par son origine historique, la vraie nature de la Divinité. Et d’abord, la première question qui se présente est celle-ci : le Grand Tout de la religion panthéiste, n’est-ce pas absolument le même Être unique que nous avons appelé la Nature universelle ?

Oui et non. Oui, parce que les deux systèmes, celui de la religion panthéiste et le système scientifique et positiviste, embrassent le même Univers. Non, parce qu’ils l’embrassent d’une manière tout à fait différente.

Quelle est la méthode scientifique ? C’est la méthode réaliste par excellence. Elle va des détails à l’ensemble, et de la constatation, de l’étude des faits, à leur compréhension, aux idées ; ses idées n’étant rien que le fidèle exposé des rapports de coordination, de succession et d’action ou de causalité mutuelle qui réellement existent entre les choses et les phénomènes réels ; sa logique, rien que la logique des choses. Comme, dans le développement historique de l’esprit humain, la science positive vient toujours après la théologie et après la métaphysique, l’homme arrive à la science déjà préparé et considérablement corrompu par une sorte d’éducation abstraite. Il y apporte donc |183 beaucoup d’idées abstraites, élaborées tant par la théologie que par la métaphysique, et qui pour la première ont été des objets de foi aveugle, pour la seconde des objets de spéculations transcendantes et de jeux de mots plus ou moins ingénieux, d’explications et de démonstrations qui n’expliquent et ne démontrent absolument rien, parce qu’elles s’y font en dehors de toute expérimentation réelle, et parce que la métaphysique n’a