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réellement transformé une grande partie de la surface du globe ; il en a fait un lieu favorable à l’existence, à la civilisation humaine. Il a maîtrisé et vaincu |157 la nature. Il a transformé cet ennemi, ce despote d’abord si terrible, en un serviteur utile, ou au moins en un allié aussi puissant que fidèle.

Il faut pourtant se rendre bien compte du véritable sens de ces expressions : vaincre la nature, maîtriser la nature. On risque de tomber dans un malentendu très fâcheux, et d’autant plus facile que les théologiens, les métaphysiciens et les idéalistes de toutes sortes ne manquent jamais de s’en servir pour démontrer la supériorité de l’homme-esprit sur la nature-matière. Ils prétendent qu’il existe un esprit en dehors de la matière, et ils subordonnent naturellement la matière à l’esprit. Non contents de cette subordination, ils font procéder la matière de l’esprit, en présentant ce dernier comme créateur de la première. Nous avons fait justice de ce non-sens, dont nous n’avons plus à nous occuper ici. Nous ne connaissons et ne reconnaissons pas d’autre esprit que l’esprit animal considéré dans sa plus haute expression, comme esprit humain. Et nous savons que cet esprit n’est point un être à part en dehors du monde matériel, mais qu’il n’est autre chose que le propre fonctionnement de cette matière organisée et vivante, de la matière animalisée, et spécialement du cerveau.

Pour maîtriser la nature dans le sens des métaphysiciens, l’esprit devrait en effet exister tout à fait