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ce n’est pas une idée, mais un fait universel, au delà duquel il nous est impossible de rien concevoir ; et ce fait n’est point du tout un Être immuable, mais, au contraire, c’est le mouvement perpétuel, se manifestant, se formant par une infinité d’actions et de réactions relatives : mécaniques, physiques, chimiques, géologiques, végétales, animales, et humainement sociales. Comme résultant toujours de cette combinaison de mouvements relatifs sans nombre, ce moteur universel est aussi tout-puissant qu’il est inconscient, fatal et aveugle.

Il crée les mondes, en même temps qu’il en est toujours le produit. Dans chaque règne de notre nature terrestre, il se manifeste par des lois ou des manières de développement particulières. C’est ainsi que dans le monde inorganique, dans la formation géologique |142 de notre globe, il se présente comme l’action et la réaction incessante de lois mécaniques, physiques et chimiques, qui semblent se réduire à une loi fondamentale : celle de la pesanteur et du mouvement, ou bien de l’attraction matérielle, dont toutes les autres lois n’apparaissent plus alors que comme les manifestations ou transformations différentes. Ces lois, comme je l’ai déjà observé plus haut, sont générales en ce sens qu’elles embrassent tous les phénomènes qui se produisent sur la terre, réglant aussi bien les rapports et le développement de la vie organique, végétale, animale et sociale, que ceux de l’ensemble inorganique des choses.