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Je pense que l’erreur ne consiste pas dans cette idée de responsabilité, qui existe d’une manière très réelle non seulement pour l’homme, mais pour tous les animaux aussi, sans en excepter aucun, quoique à différents degrés pour chacun ; elle consiste dans le sens absolu que notre vanité humaine, soutenue par une aberration théologique ou métaphysique, donne à la responsabilité humaine. Toute l’erreur est dans ce mot : absolu. L’homme n’est pas absolument responsable et l’animal n’est pas absolument irresponsable. La responsabilité de l’un comme de l’autre est relative au degré de réflexion dont il est capable.

Nous pouvons accepter comme un axiome général que ce qui n’existe pas dans le monde animal, au moins à l’état de germe, n’existe et ne se produira jamais dans le monde humain, |129 l’humanité n’étant rien que le dernier développement de l’animalité sur cette terre. Donc, s’il n’y avait pas de responsabilité animale, il ne pourrait y avoir aucune responsabilité humaine, l’homme étant d’ailleurs soumis à l’absolue omnipotence de la nature, tout aussi bien que l’animal le plus imparfait de cette terre ; de sorte qu’au point de vue absolu, les animaux et l’homme sont également irresponsables.

Mais la responsabilité relative existe certainement à tous les degrés de la vie animale ; imperceptible dans les espèces inférieures, elle est déjà très prononcée dans les animaux doués d’une organisation supérieure. Les bêtes élèvent leurs enfants, elles en